Réflexion

Je suis las, las d'être là, je ne sais plus. Je ne sais. Je ne sais pas. Je suis las de ne plus savoir si ma place est à sa place. Depuis longtemps, j'erre, sans but sans savoir autre chose que je suis là, au même endroit.


S'il s'avère qu'un jour ma vie basculât, se serait là, ce jour. Ce jour où n'en finissant plus de lassitude, je demeure. Je demeure là, tenant entre mes mains l'objet de mes questions. Si un jour ma délivrance s'accomplit, se ne serait que là, au milieu des ombres passantes.


Quand devant moi la vérité se profile, de plus en plus nette, je me détourne. Quand elle me poursuit, je m'enfuis, incapable de résister à l'envie de rester là, ou peut être las, je ne sais pas.


Assis tel que je l'étais souvent, je fus pris d'un malaise, d'un mal-être. La lassitude quitta mon esprit et plongea dans mon corps. Dès lors, mon esprit vil n'eut plus de limite, en une seconde, je compris l'univers, la vie et bien d'autre chose. Celle d'après, je l'oubliai, tout mes sens focalisés sur l'homme approchant. Celui-ci me rejoignit et, sans mot dire, me tendit une lettre, ma lettre !


Il me sembla alors que le monde, illuminé successivement des feux de la connaissance, puis des ténèbres de l'oubli, s'effaça. L'un après l'autre, tout disparaît. Il ne restait que moi, là.
Il me sembla alors, et peut être me semble-t-il encore, je ne sais pas, il me semblait que cette lettre résoudrait tout. Elle est la clef, forcément, je le sais. Je suis là depuis suffisamment longtemps pour savoir que si je suis là, avec ma lettre, c'est pour me permettre de faire et de défaire, de créer et de déconstruire, comment serait-il impossible d'être las d'être là, pouvant mais ne faisant.


Je ne sais que faire, mais lorsque sera là, plus tard, je le sais, alors le monde saura et je saurai, je serais, enfin...
J'attends entre la naissance et la mort que vienne en moi la réponse. La réponse que j'attends. L'attente de la fin. La fin si proche que l'on veut s'en éloigner mais qui est inéducable,